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IPHIGENIE

Lorsque j'étais encore une jeune barbette, ma meilleure amie était une Briarde appelée Genny. Nous avions pratiquement été élevées ensembles car nous nous voyions presque tous les jours. Nous partagions les mêmes jeux et parfois les mêmes bêtises. Nous fréquentions un club d'éducation canine et nous avions pleins de copains et copines de toutes races: Guismo, le Berger des Pyrénées, Targuia, la Briarde noire, Fun, le Westy, Hélios, le Berger Australien...etc...J'étais très calme et placide par contre mon amie Genny était très vive et turbulente. Elle échappait de temps en temps à sa maîtresse et se précipitait pour jouer avec moi, au grand mécontentement des moniteurs qui n'appréciaient pas beaucoup nos courses-poursuites au milieu du terrain de travail. Nous finissions généralement par nous jeter au sol et nos maîtresses avaient bien du mal à nous récupérer. Nous étions liées par une solide amitié que rien n'aurait pu ébranler. Aujourd'hui, nous sommes séparées car mes maîtres ont déménagé et bien sûr, je les ai suivis mais lorsque j'aperçois un briard fauve, je ne peux m'empêcher de relever la tête, de tirer sur la laisse et de humer l'air dans l'espoir que ce soit mon amie.

Je partageais aussi mes maîtres avec Titiana, une caniche de 12 ans, acariâtre et dominatrice (que ma maîtresse adorait) et un adorable bébé frison, Ibis, débordant d'amour mais un peu envahissant.

Ma maîtresse ne supportait pas que l'on tue les animaux. Je dois bien avouer qu'avec nous, elle était gâtée. Nous avions chacune notre spécialité.

La frisonne s'intéressait de très près à tous ce qui portait des poils et depuis qu'à trois mois et demi elle avait détruit un nid de rongeurs et en avait occis les occupants, elle passait son temps à creuser frénétiquement dans le jardin. Je l'aidais parfois dans ses travaux de terrassement, mais moi, ma grande passion, c'était les plumes.

Nous vivions avec une poule baptisée Iphigénie et qui se prenait pour un chien. Elle répondait à son nom, venait se faire caresser et se précipitait pour accueillir mon maître quand il rentrait du travail. Je lui arrachais bien quelques plumes de temps en temps quand mes maître avait le dos tourné, mais tout ce passait bien jusqu'au jour où une impulsion irraisonnée s'est emparée de moi. J'ai bondi, j'ai refermé les mâchoires...et s'en était fini de la pauvre Iphigénie...

Jamais je n'avais vu ma maîtresse dans une telle fureur! Même le grignotage de l'escalier, le "rongeage" du canapé et la mise à mort des rideaux n'avaient pas provoqué une telle colère. Moi qui avait toujours été sa nounou adorée, son amour de barbichonne, j'étais soudain devenue un monstrueux barbet, une misérable engeance, un être dégénéré.

J'étais très malheureuse car comment lui faire comprendre que ce qui battait en moi, c'était le sang de mes ancêtres, des générations de barbets nés pour chasser. L'héritage était trop lourd, l'atavisme trop puissant pour que je puisse y résister.

Aujourd'hui, mes maîtres respectent mon instinct même s'ils ne l'encouragent pas. 

Mon grand regret, c'est de ne pas chasser car pour moi comme pour mes frères de race, la chasse serait le comble du bonheur.

Gin des Canailles de Verbaux